Promulguée le 12 août dernier par Emmanuel Macron, la loi Duplomb, pensée pour lever les contraintes pesant sur les agriculteurs, a engendré une mobilisation record contre l'une de ses mesures : la réintroduction dérogatoire de l'acétamipride, pesticide réclamé par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui dénoncent l’absence d’alternatives viables et un désavantage concurrentiel pour la France.
Une réglementation à deux vitesses
Ce néonicotinoïde, interdit en France depuis 2018 en raison de ses effets sur le déclin de la biodiversité mais aussi de probables troubles du neurodéveloppement chez les enfants et adolescents, demeure autorisé dans le reste de l'Union européenne jusqu'en 2033, faute de molécule alternative.
Pour les défenseurs de l'interdiction de l'acétamipride, c'est aussi sa présence dans l'eau qui inquiète : bien que la molécule se dégrade assez rapidement, elle est très soluble dans l’eau, ce qui facilite son lessivage vers les eaux souterraines, qui constituent près de 70% des eaux potables de France.
La mesure a déclenché un fort mouvement de contestation, avec une pétition « Non à la loi Duplomb » ayant recueilli plus de 2,1 millions de signatures, un record en France. Elle a été censurée le 7 août 2025 par le Conseil constitutionnel.
Ces agriculteurs normands ont misé sur le bio
Pour explorer ce débat, la rédaction de Paris-Normandie est allée à la rencontre de producteurs normands qui ont fait le choix de se passer de pesticides. Avec un rendement près de 50% moins important, une meilleure valorisation de la production grâce au label bio, ce reportage soulève également la question des débouchés, insuffisants aujourd'hui pour assurer l'avenir de la filière.
Reportage :
En Normandie, ils cultivent des betteraves à sucre sans pesticide : comment font-ils ?